"Vocabulaire des Nouvelles Technologies Musicales" Editions Minerve (1994) - Mise à jour (2013) |
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Concept forgé par P. Schaeffer dans son Traité des objets musicaux (1966) pour qualifier tout phénomène sonore perçu, n'existant qu'avec la présence du sujet percevant. Ce qui permet de qualifier tel "objet" de musical, c'est le contexte culturel et l'intention du sujet qui écoute. L"objet sonore", surtout employé pour les musiques enregistrées, a fait les beaux jours des musiques concrètes. L'analyse de cet "objet" porte sur trois niveaux : ■ la perception directe (type, localisation, date) ; ■ la recherche d'une signification (cause de qui est entendu, interprétation) ; ■ l'analyse du son (hauteur, intensité, durée, enveloppe, masse et grain). L'enveloppe d'amplitude comprend 3 composantes: l'attaque, le corps et la chute. La masse d'un son répond à un critère d'épaisseur qui correspond à la largeur de bande fréquentielle dominante. Le grain correspond à un type particulier de fluctuation interne: il donne la texture du son (trémolo, vibrato). A l'heure des transmissions numériques (radio, télévision, internet), on parle maintenant de signal sonore : ses dimensions physiques peuvent même inclure les propriétés perceptives du son qui est un sujet, une énergie en mouvement.
Mécanisme de propagation de mouvements, par vibration de la matière (gaz, liquide, solide). Les vibrations qui procurent une sensation auditive sont des propagations d'onde de pression (de 20 Hz à 20 kHz) dans les milieux élastiques (air, eau, cuivre) capables de reprendre leur état initial naturel après avoir subi des déformations relatives à une contrainte temporelle. * Célérité (Velocity) La vitesse avec laquelle se propage une onde, est caractéristique du milieu de propagation (gaz, liquide, solide) et de son état thermodynamique. Ainsi 330 m/s. pour l'air à 0° et 1435 m/s. pour l'eau. * Forme d'onde Forme temporelle d'une tension électrique : carré, pulse, sinus ou triangulaire. Si les premiers générateurs de musique électronique produisaient ces formes simples, ils génèrent aujourd'hui des formes complexes que l'on écouter, éditer, mixer, contrôler, transmettre et enregistrer sous n'importe quel forme. * Front d'onde (Wavefront) C'est le lieu des extrémités des rayons sonores, issus de la source réelle ou virtuelle, au bout d'un certain temps. * Longueur d'onde Distance parcourue en une seconde par une fréquence, dans le milieu traversée (eau, gaz, acier, roche, air): à chaque fréquence correspond une certaine longueur d'onde. Dans l'air, le son audible le plus grave de 20 Hz à 16°C a une longueur d'onde de 17 m; le son le plus aigu de 20 kHz, une longueur d'onde de 17 mm. On s'aperçoit que si la fréquence d'un son diminue, sa longueur d'onde augmente. Cette notion est importante car elle joue un rôle majeur dans tous les calculs acoustiques. Elle est souvent négligée par les compositeurs qui oublient que la musique est d'abord l'art de la propagation des ondes acoustiques. La longueur d'onde s'obtient en divisant la vitesse de propagation dans le milieu, par la fréquence choisie. * Onde directe Onde incidente qui n'a subi aucune réflexion. Dans une salle, l'onde directe est liée aux ondes réverbérées qui ont subi une ou plusieurs réflexions, diffractions ou diffusions. Le champ direct prédomine au fur à mesure que l'on se rapproche de la source. A une certaine distance, appelée rayon acoustique de la salle, les contributions du champ direct et du champ réverbéré sont égales. Dans une salle, l'énergie apportée par les premières réflexions entre 0 et 50 ms, fait partie du champ direct. * Onde Hertzienne (radioélectrique ou électromagnétique) En 1865, lorsqu'il développe la théorie de l'électromagnétisme de la lumière, J.-C. Maxwell prévoit l'existence des ondes que nous recevons quotidiennement. Mises en évidence par H. Hertz, à la fin du XIXème s., les ondes électromagnétiques couvrent un spectre très large: infrasons (<16 Hz), fréquences audibles (>16 Hz et <20 KHz), ultrasons (<20 KHz), fréquences utilisées en radioélectricité jusqu'à 30 GHz, infrarouges et rayons lumineux, ultraviolets, rayons X et µ. Sans la relativité, on ne peut pas comprendre comment se propagent les ondes électromagnétiques, ni pourquoi aucun signal physique ne va pas plus vite que la lumière. Cette barrière de la vitesse de la lumière (300.000 km/s.) est perceptible dans la transmission des signaux Hertziens par satellite ou entre les circuits électroniques. * Onde réverbérée C'est une onde qui a subi un certain nombre de réflexions, réalisant un champ hétérogène. Le champ réverbéré, en principe diffus, prédomine au fur à mesure que l'on s'éloigne de la source. A une certaine distance, appelée rayon acoustique de la salle, les contributions du champ direct et du champ réverbéré sont égales. * Période Durée en seconde(s) ou milliseconde(s) d'une forme d'onde. La période T est inversement proportionnelle à la fréquence f du signal: f=1/T.
La prise de son, la mise en boucle, le fondu/enchaîné, le mixage, le montage, la réinjection et la variation de vitesse sont associées dès le début du studio de musique électro-acoustique comme les opérations de base faites avec un ciseau, un microphone, un magnétophone, une table de mixage et un variateur de vitesse. Dans ce Vocabulaire, on consultera le terme Traitement pour toutes les opérations sur les signaux sonores grâce aux équipements électroniques (filtre, modulateur, control voltage, etc.) et par l'intermédiaire des fonctions logicielles. On lira avec beaucoup d'intérêt toutes les opérations du studio de musique concrète et de musique électro-acoustique, qui sont décrites dans le livre de G. Reibel et M. Chion "Les musiques électroacoustiques", 1976. * Mise en boucle Elle est à la bande magnétique ce que le sillon fermé est au disque. Créée et largement utilisée par les musiciens de la musique concrète, la mise en boucle consiste à coller sur lui-même un fragment de bande magnétique. Ainsi fermé, le fragment peut se répéter indéfiniment, identique à lui-même. La mise en boucle permet : ■ des effets musicaux (motifs répétitifs, sons de durée infinie) ; ■ des effets psycho-acoustiques (découverte et analyse du détail) ; ■ des effets psychologiques (obsession). Trois boucles lues simultanément et une réinjection double avec filtrage constituent le seul dispositif de création de "Machination", mouvement des Variations en étoile (Reibel, 1969). Aujourd'hui, l'échantillonneur met en boucle n'importe quel son numérisé. * Fondu-enchaîné (Cross-Fading) Largement utilisée par les musiciens de la musique sur bande, le fondu/enchaîné consiste à atténuer l'amplitude d'une voie tout en augmentant l'amplitude d'une autre voie pendant la diffusion ou pendant l'enregistrement. Le fondu-enchaîné permet : ■ des effets musicaux (articulation, spatialisation d'"objets sonores") ; ■ des effets psycho-acoustiques (déplacement) ; ■ des effets psychologiques (mouvement, perte des repères).
* Mixage (voir - ) * Montage (Editing) Opération d'assemblage, le montage confère son originalité aux arts des supports magnétiques ou numériques (cinéma, musique sur bande, musique sur disque). Le montage brise la logique naturelle des sons en produisant des articulations différentes du jeu instrumental et des lois de l'énergie (cf. effet Kouletchov) : il crée des effets surréalistes. Avec les ciseaux chers à P. Schaeffer, on peut désormais couper, insérer, inverser, permuter, répéter ou supprimer les sons enregistrés : l'inversion du support est l'exemple type de cette autre écoute du son. P. Henry dans ses Variations pour une porte et un soupir (1963) exprime avec l'humour du désespoir la passion pour la matière et le désir de créer un langage. Tout autrement avec Korwar (1973), F.-B. Mâche crée un collage surréaliste en introduisant un clavecin dans un zoo. * Micromontage Semblable au montage, mais avec des échantillons de bande magnétique plus petits, le micro montage fragmente les "objets sonores" puis les reconstruit par concaténation, hybridation ou interpolation. Les techniques de synthèse croisée, véritable microchirurgie sonore, utilisent ces opérations. Le micromontage procure : ■ des effets musicaux (anamorphose des "objets musicaux") ; ■ des effets psycho-acoustiques (illusion auditive, masquage) ; ■ des effets psychologiques (perte d'identité).
* Prise de son (voir - ) * Réinjection Opération qui consiste à envoyer une sortie du magnétophone sur une entrée : ce procédé, très utilisé en musique électroacoustique produit un matériau sonore intéressant. Elle permet : ■ des effets musicaux (superposition instable de durée infinie) ; ■ des effets psycho-acoustiques (écho, retard, spatialisation animée) ; ■ des effets psychologiques (rigidité, obsession). Sur certains matériels actuels, la fonction "spin" effectue cette opération directement sans passer par un départ auxiliaire de la console de mixage. En 1968, K. Stockhausen, écrit Stimmung pour six chanteurs : les voix, réinjectées après leur passage dans un modulateur suscite une impression d'envoûtement. On trouve des réinjections dans les musiques de F. Bayle (Espaces inhabitables, 1966) et de G. Reibel (Variations en étoile, 1969). * Variation de vitesse Cette opération dilate ou contracte la durée du son tout en transposant sa hauteur lorsqu'on modifie la vitesse de défilement de la bande magnétique : ce qui crée la métamorphose. Elle permet : ■ des effets musicaux (transposition, transformation du timbre) ; ■ des effets psycho-acoustiques (dilatation, contraction) ; ■ des effets psychologiques (comique, modification de la tessiture). Dans Bidule en ut ( (1949), P. Schaeffer superpose une fausse gamme de piano préparé avec ses propres variantes accélérées et ralenties. Aujourd'hui, l'harmoniseur joue directement avec le temps et la hauteur grâce au traitement numérique.
Dispositif électronique (analogique ou numérique) qui produit un signal électrique périodique de forme généralement limitée (sinus, triangle, carré, dent de scie). L'oscillateur VOSIM créé et développé par le Dr. W. Kaegi à l'Institut de Sonologie d'Utrecht dans les années 80, contient une série de pulses contrôlées par le système MIDIM. Les paramètres (fréquence, amplitude et spectre) d'un oscillateur peuvent être contrôlés analogiquement ou numériquement: Voltage Control Oscillator ou VCO, Digital Controlled Oscillator ou DCO.
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